Depuis les années 1990, les Caisses des allocations familiales (Caf) en France ont évolué pour intégrer des techniques avancées de détection de fraudes, notamment le datamining, une méthode statistique prédictive utilisée pour identifier les risques d’erreurs ou de fraude parmi les allocataires. Ce changement a transformé ces organismes en entités davantage axées sur la performance et la rentabilité, comme l’indiquent les témoignages de techniciens et de représentants syndicaux. Bien que l’usage de ces technologies ait permis d’optimiser les contrôles, il a aussi suscité des controverses, notamment en raison des risques de stigmatisation des populations précaires et des procédures de contrôle perçues comme parfois injustes et pénalisantes. La numérisation des services, bien qu’améliorant l’accessibilité pour certains, a également engendré des difficultés pour les moins familiers avec les outils numériques, accentuant le fossé entre les usagers et l’administration.
« Quand on vous suspend le RSA, vous tombez plus bas que terre, témoigne cet homme. Même si vous agitez les bras, on ne vous entend pas. Et vous vous retrouvez avec 1.000 euros de factures impayées d’électricité. Le plus difficile à vivre, c’est de se retrouver aux Restaurants du Cœur et d’aller, entre guillemets, mendier pour pouvoir manger.”