En trois décennies, la Silicon Valley est passée d’une vision utopique de la technologie à une réalité dystopique, selon le sociologue Olivier Alexandre. Initialement perçue comme un phare d’innovation et de progrès démocratique, la tech est aujourd’hui marquée par des défis comme la désinformation, les deepfakes, et le virage politique à droite de certaines entreprises influentes. Les idéaux de partage et d’ouverture du Web 2.0 ont cédé la place à une réalité où les grandes entreprises tech dominent le marché et monétisent l’accès aux outils et données. Ce changement est accentué par la montée des intelligences artificielles génératives et des pratiques de lobbying intensifiées, qui renforcent les inégalités et l’influence des régimes autoritaires. La tech, jadis symbole d’espoir, se retrouve maintenant confrontée à des enjeux qui remettent en question son avenir.
Microsoft, naguère haïe des hackeurs en raison de ses licences fermées, voit son écosystème triompher à force de rachats et de partenariats (LinkedIn, OpenIA, Mistral AI, etc.). Des entreprises phares d’Internet fournissent désormais l’infrastructure technique à nombre d’opérations militaires : les cinq contrats les plus importants attribués à de grandes entreprises technologiques (Amazon, Microsoft et Alphabet) entre 2019 et 2022 totalisaient près de 53 milliards de dollars.