L’article explore les idées de Warren Brodey, un psychiatre devenu hippie, qui a fondé le laboratoire Environmental Ecology Lab (EEL) à Boston à la fin des années 1960. Brodey critique la vision de l’intelligence artificielle (IA) développée par ses collègues du MIT, Marvin Minsky et Seymour Papert, qui considèrent que l’intelligence humaine peut être réduite à des règles algorithmiques. Au contraire, Brodey et son équipe soutiennent que l’intelligence émerge des interactions avec l’environnement, ce qu’ils appellent une « intelligence écologique ».
Ils estiment qu’il est difficile de concevoir une IA capable de comprendre les nuances culturelles et contextuelles de l’expérience humaine. Plutôt que de chercher à créer une IA autonome, ils préfèrent utiliser la technologie pour enrichir l’expérience humaine et favoriser l’exploration de l’environnement.
La pensée de Brodey était imprégnée d’utopisme. Lui et son plus proche collègue, Avery Johnson, nourrissaient l’espoir que l’industrie américaine adopterait leur vision – des produits réactifs et interactifs propres à faire naître de nouveaux goûts et centres d’intérêt chez l’utilisateur plutôt qu’à surfer sur son désir consumériste. Mais les entreprises optèrent pour la version plus conservatrice de Negroponte, dans laquelle l’interactivité permet surtout aux machines d’identifier nos angoisses et de nous faire acheter davantage.