Olivier Ertzscheid : « Avec l’IA, tout ce qui fait sens se voit soumis à de la spéculation »

17 Juil 2024 | IA hebdo, Revue de Web

À l’occasion de la sortie de son nouveau livre, « Les IA à l’assaut du cyberespace. Vers un Web synthétique« , le chercheur Olivier Ertzscheid nous invite à réfléchir sur les transformations du travail en cours et la place des salariés face aux géants du secteur.

Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l’information, explore notre rapport à l’IA générative et la place de l’humain dans un capitalisme qui spécule sur le langage et le sens.

Il cite le cas des graphistes, qui utilisent désormais des prompts au lieu de logiciels de dessin. Cela nécessite une nouvelle compétence : savoir formuler les bons mots pour obtenir les résultats souhaités. Cette évolution s’inscrit dans ce qu’il appelle le capitalisme sémiotique, où le langage et les images deviennent des sources de valeur.

Ertzscheid souligne également la présence de travailleurs invisibles, souvent dans des pays à faibles coûts, qui modèrent et nettoient les contenus générés par l’IA. La question se pose alors : les travailleurs restent-ils maîtres de leur production, ou deviennent-ils simples exécutants ?

L’auteur met en garde contre les risques d’aliénation et de perte de compétences. Il insiste sur l’importance de prendre conscience des mécanismes de production pour mieux les contrôler et préserver la créativité humaine face à l’IA.

Le concept (de capitalisme linguistique) est de Frédéric Kaplan, il explique que la langue, qui était jusqu’ici un espace non marchand, est rentrée dans une logique capitalistique, avec contrôle des outils de production et organisation d’une spéculation. Le premier acteur à le contrôler a été Google, qui a proposé à la vente aux enchères des mots, des concepts. Qui dépense le plus sera le plus visible, via les liens sponsorisés. Avec l’IA, on va plus loin, je dirais qu’on est entré dans du capitalisme sémiotique, c’est-à-dire que tout ce qui fait sens – un mot, une image, une interaction, une expression – va s’inscrire dans une chaîne de valeur capitalistique et se voit soumis à des formes de spéculation. Le tout est déjà capté par les deux ou trois grandes sociétés qui détiennent le marché.

Olivier Ertzscheid

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